+++ Début
de transmission +++
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« Le
silence … Le silence … Je viens de me réveiller. Comme d’habitude, je me suis
réveillé avant mon horo-alarme. L’hab modeste du bloc E dans laquelle je vis
avec ma mère est baignée d’un silence presque oppressant. Dans la pénombre de
ma chambre, j’attrape mes vêtements et je me dirige vers la salle de bain. Le néon
grésille avant de vomir sa lumière crue dans la pièce. Une douche
rapide à l’eau tiède et je suis complètement réveillé.
Aujourd’hui,
mon petit déjeuner a un goût différent. Aujourd’hui, je vais m’engager dans la
Garde et suivre les traces de mon père. Je ne l’ai jamais connu et lui n’a
jamais eu connaissance de mon existence. J’ai été conçu la veille de la
mobilisation de son régiment d’après ma mère. Elle n’a jamais pu lui dire. Elle
m’a élevé seule, travaillant comme analyste de niveau 1 pour le munitorum.
Chaque jour depuis le départ de mon père, elle a espéré voir son nom apparaître
parmi les milliers d’autres qu’elle voit défiler tous les jours. Elle aurait
souhaité le voir parmi les soldats distingués pour faits d’armes exceptionnels
ou les soldats ayant mérité une retraite. Jamais cela ne se produit.
J’entends la machine à récaf qui vient
d’être mise en route, ma mère est levée. J’entends sa voix qui m’appelle.
« Ian ? ». Sa voix me paraît étrange, plus cassée que
d’habitude, plus rauque ou plus grave. « Ian ? ». Ce n’est pas
la voix de ma mère. « IAN BORDEL ! ».
J’ouvre les yeux, ma vision est trouble
pendant un instant. Je vois tout en rouge, un bourdonnement assourdissant
m’assaille les tympans. « IAN ROUPILLE PAS ON ARRIVE ! ». Je ne
suis pas dans mon hab et je ne suis même pas sur la terre ferme. Je suis
harnaché dans un fauteuil dans l’habitacle de la valkyrie 442 de la phalange
verte. Il est 4h29, nous sommes le 323.012.M41 et aujourd’hui, c’est notre
baptême du feu à tous.
Dans
la lumière rouge de l’habitacle, je discerne le visage de Jadon qui me regarde
avec des yeux ronds :
«
- T’es sûr que ça va mec ?
-
Ouais, t’inquiète pas. Je fais le vide dans ma tête
c’est tout.
-
Assure-toi de pas vider ton estomac comme Keller
alors… »
Le
pauvre Keller est en train de vomir tout ce qu’il peut, le stress sans doute. Je
vérifie mécaniquement mon arme, un fusil laser type Accatran mark IV, je tire
la culasse, je l’engage puis la désengage, je vérifie l’état de charge de la
cellule d’énergie et l’alignement de la mire puis je le range dans le logement
au dessus de ma tête. L’habitacle est subitement agité de soubresauts violents,
la température augmente. Nous entrons dans l’atmosphère d’Aken-Septem, il est
4h31.
« -
H-10 minutes les enfants ! On se tient prêt ! »
La voix « mélodieuse » du lieutenant
Keam vient de crachoter dans mon casque. Ma gorge se serre et l’appréhension me
gagne. Je ne réalise que maintenant que je vais effectuer mon premier saut en
opération. Je regarde autour de moi et je m’aperçois que nous ne sommes tous
que des gamins à peine capables de tenir leur fusil, habillés de leurs
uniformes flambant neufs et agrippés à leur harnais comme des enfants à leur
jouet préféré. Nous sommes des guerriers mais des guerriers qui n’ont jamais
connu la guerre. Mon
peloton, le peloton noir, est sorti des deux mois de formation avec les
honneurs. Keam s’était vite imposé comme le plus apte à prendre le commandement
et c’est tout naturellement qu’il devint lieutenant. On lui permit de choisir les
membres de son escouade de commandement dont je fais parti à présent. Nous
sommes cinq : le Lieutenant Keam, Jadon, mon ami, dont l’affinité
naturelle avec tout ce qui crame le prédestinait à manier un fuseur, Keller,
l’officier radio, un peu la mascotte du peloton à cause de ses talents
d’imitateur, « Doc. » Lars, le médic et enfin le soldat Sihfzen, moi.
Keam à choisi chacun d’entre nous. Je fus surpris d’apprendre que le
commandement a longuement hésité entre Keam et moi pour prendre le commandement
du peloton. Je n’en garde aucune amertume, Keam est un mec bien, un officier
calme et juste qui inspire le respect. Vraiment, un mec bien ce Keam. Mon
casque crachote encore :
«
- Ian ?
-
Oui lieutenant ?
-
On sera sur zone dans moins de six minutes. Une fois
que nous aurons rejoint la terre ferme, je compte sur pour mettre tout le
peloton en ordre de marche et préparer la progression pendant que je contacte
le commandement.
-
Aucun problème mon lieutenant.
-
Je veux un rapport à H+2 au maximum. C’est notre
première mission et je veux que nous soyons irréprochables.
-
Bien reçu.
-
Ian ?
-
Oui mon lieutenant ?
-
L’Empereur nous garde mon vieux.
-
L’Empereur nous garde mon lieutenant. »
Il
est 4h37, une rune ambrée clignote dans l’habitacle de la valkyrie. Nous
réagissons tous automatiquement, nous désengageons nos harnais de sécurité, et
nous nous levons en saisissant nos armes. Jadon réajuste ses sangles, Keller,
qui semble avoir un peu repris ses esprits, vérifie pour la millième fois son
grav-chute, Lars essuie les gouttes de sueur qui perlent sur son front. Keam se
place dos à la baie de largage et nous indique d’un geste qu’il est temps de
mettre en place les masques. Comme un seul homme, avec une précision et une
discipline toute militaire, nous nous exécutons. La rune ambrée s’est figée.
L’instant d’après, un vent glacial envahi le compartiment. La baie de largage
s’ouvre lentement nous offrant un spectacle impressionnant. Nous apercevons des
dizaines d’appareils noirs corbeau qui volent en formation derrière nous. Le peloton
noir au grand complet.
Il
est 4h41, je m’élance dans le vide.
…
+++ Fin de
transmission +++
Que l'Empereur vous garde !
Que l'Empereur vous garde !
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